Dans les allées et venues de la Parisienne, qu’elle soit touriste ou simple étudiante, s’inscrit un jour l’envie, le besoin d’utiliser l’une des nombreuses sanisettes de Paris. Le 25 mai, j’ai eu cette idée, moi aussi, de rentrer dans ces toilettes publiques. Je ne dirai pas que l’expérience a été mémorable. Enfin si, mais pas pour le soulagement qu’elle était censée procurer.
Ce fut même… une très mauvaise idée. L’entreprise JC Decaux offre aux Parisiens un service d’accès gratuit à des toilettes publiques réparties un peu partout dans Paris. Gratuit ! Plus rien ne l’étant guère au royaume de Madame Hidalgo, ce type d’opportunité (se soulager dans des sanitaires, véritables petites maisonnettes grises et accessibles à tous, y compris aux personnes à mobilité réduite) doit s’apprécier… à sa juste valeur. L’opportunité ne vous est offerte cependant que jusqu’à 22H seulement. La nuit, touristes et promeneurs n’ont donc plus envie de faire pipi ?
Préambule : Ce vendredi de mai, donc, aux environs d’Alma-Marceau, j’ai TENTÉ d’utiliser pour la première fois une SANISETTE.
Étape 1 : J’attends que l’homme avant moi finisse ses affaires. Je franchis directement le seuil de la porte, laquelle se referme automatiquement derrière moi. La porte présentant un système d’ouverture/fermeture commandable grâce à un bouton, tout semble normal même si j’aperçois également un système d’ouverture d’urgence (poignée déclenchable sur la porte). Urgence ? Ça doit certainement servir à ouvrir lorsque la commande par bouton ne fonctionne pas, ai-je alors songé.
Étape 2 : L’enchaînement mécanique d’opérations – sur lesquelles j’avoue n’avoir eu ensuite plus aucun contrôle – et qui a succédé à ma dernière pensée sereine ce matin-là, m’a été fatal. Je me rappelle avoir attendu que la porte soit fermée et verrouillée. Je me rappelle avoir entendu un message sonore (en français, tiens donc, et comment les étrangers sont-ils avertis ?) m’indiquant que la porte était close. Puis la petite voix m’intimant de quitter la cabine pour permettre au service de nettoyage automatique, de « saniser » la toilette (laquelle ne l’était malheureusement pas du tout).
Je n’ai ensuite pas réagi, alors que la cuvette entamait sa remontée automatique pour être rincée tout comme le lavabo. J’aurais dû. Car l’opération, logique, intervient normalement après le passage du précédent occupant et avant le nouvel occupant. Est-il utile de vous raconter ce que des jets puissants, venant des entrailles de la cabine, dans une ville où l’eau n’est pas encore contingentée, provoquent et produisent sur un legging et des baskets ?
Punie, j’ai été punie. J’ai tenté alors le refuge sur les côtés de la cabine. Et découvert que s’il me restait encore du courage et l’envie claire d’accéder à la poignée d’urgence, je devais, dans tous les cas, affronter les jets d’eau qui jaillissent devant cette porte d’entrée qu’on veut franchir.
Qui a conçu cet enfer, ai-je dû songer ? Après cette première tentative, et n’étant pas décidée à interrompre si vite ma carrière de fact-checkeuse de l’expérience usager et client, j’ai persisté. Tandis que je m’apprêtais enfin à faire ce pourquoi j’étais rentrée là (faire pipi, tranquillement), j’ai compris trop tard, ma énième bévue… J’ai vu en effet la porte de la sanisette s’ouvrir donnant à voir… mon pantalon descendu jusqu’aux chevilles. A Alma Marceau, un 25 mai, J’ai pris mes jambes à mon cou. Le Zouave en a rougi.
Bilan ? 4 minutes pour être trempée, même pas soulagée, mais vivante ! J’ai survécu à ma première expérience de visite dans la sanisette de l’enfer. Sans aucun doute la dernière.
Mon erreur, car les dys fonctions évoquées plus haut ne doivent pas masquer la mienne : il ne faut pas pénétrer dans une sanisette avant qu’elle ait été lavée !!
NB: Ma chère Hortense, ton maitre de stage te remercie pour cet article et cette enquête risquée. Longue vie dans ton métier d’ostéopathe, dans l’une des plus belles villes de France, Annecy.
Par H.J.
Nb : A la relecture de ce récit d’enquête et après 15 jours de stage au sein d’une rédaction folle, je peux confirmer :
• Que le journalisme est un métier éprouvant. (Cet article a été rédigé par l’une des stagiaires de la rédaction, qui a découvert l’intérêt et la difficulté du journalisme de terrain.)
• Que le 01 30 79 79 79, la hotline mise en place par Decaux ne doit pas être supprimée et que n’importe quel guide de voyage à Paris doit mentionner ce numéro en rouge !
En-Contact se penche régulièrement sur les problématiques de “propreté des toilettes”, notamment en stations-service, dans les TGV ou au restaurant.
Hortense Jacquinet Ostéopathe – © 2019